Rivière

L’eau me lisse le visage comme une aile d’oiseau

Sous mes pieds, le ruisseau serpente et bruisse dans les herbes.

Agitation dans les fougères,

Le lézard s’est faufilé, éclat vert, éclair bleu.

Ce sac est lourd, c’est ma maison.

Mais lourd aussi des souvenirs du grand chemin.

Je ruminais des pensées mornes.

J’ai humé alors les cailloux chauffés à blanc

Et respiré des vaches à longues cornes.

J’ai goûté le tronc rugueux des chênes,

le tronc lisse des hêtres,

Et mis à chaque doigt la digitale pourpre.

Mes mollets ont molli à la tombée du jour,

Et mes yeux savouré le vermillon des ciels,

Et le vert des forêts, et les horizons larges.

La Dordogne m’a séduit

m’a nourri,

m’a souri.

Saleda (Sabine DELARUELLE)