Monsieur le Président,
je vous fais une lettre,
Que vous lirez peut-être
Dans votre confinement ?
C’est un petit hameau de verdure
Où coulait une rivière.
Où le soleil vient y accrocher ses rayons d’argent,
Une heure après les autres sur le plateau,
Et qu’il éteint aussi, 1 heure avant…
Blotti dans cette vallée de la Haute Dordogne,
Le hameau de Spontour a signé ses épousailles
Avec la retenue du Chastang qui monte,
Qui monte jusqu’à lui mouiller les pieds.
Mais avant, au temps lontan comme disent les Créoles
Lorsque les eaux tumultueuses
De cette rivière sauvage devenaient « espérance »
Les Gabariers partaient au fil des hautes eaux
Chargés de nos grands bois : chênes et châtaigniers.
Au temps des Gabariers, la tonnellerie des grands crus,
Loin là-bas autour d’un estuaire, attendait chaque année
Lorsque les eaux étaient « marchandes », l’arrivée
De cette armada Spontournoise : Espérance !
Aujourd’hui, le calme est revenu sur les rives
Les marcheurs du val se sont tus
Les grands bois ont repris le dessus
Le vert est sa couleur d’espoir et semble éteindre le temps.
Seules les eaux de l’Aigle réveillent l’onde endormie.
Mais pourquoi donc, au temps du muguet revenu
Spontour et ses cinquante âmes ne bougent pas ?
Ne bougent plus depuis Mars, comme confinés ?
Quelle crainte peut mettre en veilleuse, voir éteindre
La joie de vivre de ces gens du bord de l’eau ?
Spontour semble endormi ? le souffle du printemps
Ne fait toujours pas frissonner ses narines.
Les rues sont désertes, le lavoir pleure de solitude
Mais le temps vaincra celui du Corona…
Jean-Pierre PAUZE