L’heure des loups

C’est l’heure où les rides nous mentent

Pour l’onde folle d’un bras nu,

Où le tréfonds du cœur s’invente

Un nouveau jour déjà vécu.

C’est la bruyère qui éclabousse

D’étoiles pourpres les futaies,

Le ciel d’azur à la rescousse

Quand la froidure est en livrée.

C’est l’heure où les yeux se font piège

Pour des gavroches un peu fanés,

Et pour des roses au cœur de neige

Qui s’effarouchent au vent de blé.

C’est la Dordogne qui se rappelle

Le chant de mort des gabariers,

Les croix d’écume en étincelles

Aux répons frêles des bergers.

C’est l’heure où se métamorphosent

Les oiseleurs et les sourciers,

Les papillons en ecchymoses

Aux lampes tièdes du passé.

C’est Ventadour qui veut renaître

Aux écus d’or frappés de nuit,

Nous nous battrons demain peut-être

Pour les forêts d’Occitanie.

Jean-Louis ARSAC